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mardi 20 août 2024

Rapport de la mission archéologique du 10 au 23 mai au sein du regroupement de Bonamaza

Présentation 

Le volet archéologique mené, lors du projet de bitumage de la route Makokou-Mekambo-Ekata, a permis la mise au jour d'un grand nombre de sites archéologiques sur les tronçons routiers Makokou-Batouala, Batouala-Mekambo et Mekambo-Ekata. Ce qui nous a permis d'effectuer, du 10 au 23 mai 2023, notre première mission dans le département de la Zadié. Elle avait pour but de recueillir des données archéologiques et ethnologiques pour la documentation de notre thèse doctorale effectuée à l'Université Libre de Bruxelles. Cette quête s'est focalisée sur le tronçon Batouala-Mekambo, plus précisément le segment contenant le regroupement de Bonamaza.

Localisation géographique de la région 

Ce regroupement est composé de trois (3) : Meko, Itebe et Bonamaza. Il est situé dans la Zadié, une division départementale de la Province de l'Ogooué-Ivindo.
Situation géographique de Bonamaza

Méthodologie 

Nous avons effectué des activités pour collecter des données archéologiques à travers des prospections et des sondages, ainsi que des enquêtes ethnographiques. Les questionnaires, ciblant les personnes âgées et les autorités locales, ont permis d'obtenir un aperçu de l'histoire et/ou de l'occupation locale.
Prospection par observation directe au sol. (Jean de Cap. Aboghe Bengone, mai 2023)

Fouille sur le site BAZ 3A, village Meko (Jean de Cap. Aboghe Bengone, mai 2023)

Sondage à BSA 1, village Bonamaza (Jean de Cap. Aboghe Bengone, mai 2023)

Sondage, carré 2, du site BAZ 7 situé au village de Bonamaza (Jean de Cap. Aboghe Bengone, mai 2023)
 
Sondage sur le site MBO 1 à Itebe (Jean de Cap. Aboghe Bengone, mai 2023)

Création et peuplement récent du regroupement (tradition orale)

Selon Bozingo, Mbotsie et Yazangoye (2023), il est fondé en 1970. En réalité, d'après Ntsio, Mboada Nyanga, Younda Bemba, Youmala Bemba, Bozingo, Mbotsie et Yazangoye, 2023, les habitants des trois (3) villages ont pour origine le Kemboma. Ce dernier s'étendait le long de la Liboumba, bras de la rivière Ivindo. Mais, la disette, les maladies (maladie du sommeil, lèpre, etc) et la création de la route, les a facilités leur adhésion au projet de regroupement de villages initié par les autorités locales. Du coup, l'ensemble de ces populations est Mahongwè et les sous-représentés sont essentiellement les Bongoye, Molanda, Ipoundji, Ikoye et Oniazeke. 

Aperçu des résultats

Les activités archéologiques réalisées ont permis d'identifier quatre sites majeurs : BAZ 3A, MBO1, BSA 1 et BAZ 7. Le matériel recueilli sur ces derniers était principalement composé de la céramique (poterie et fragments de tuyère), des scories de fer, des fragments d'une marmite en aluminium, du charbon de bois et des esquilles d'os. Les fragments de tuyère ont uniquement été découverts sur le site BAZ 3A et les ossements sur BAZ 7. Quant aux résidus du minerai de fer, ils sont découverts sur ces deux sites, mais ils étaient plus abondants à BAZ 3A.

Nos observations nous conduisent à deux occupations de la région, notamment durant l'Âge du fer, mais aussi à la période coloniale. L'Âge du fer est attesté sur le site BAZ 3A, à Meko, et sur le site BAZ 7, à Bonamaza. À Meko, ce sont les résidus trouvés, fragments de tuyère et scories de fer, dans le fond d'une structure de combustion qui l'attestent. Alors qu'à Bonamaza, même si des traces d'une telle structure ne sont pas attestées, la fouille du Carré 1, a livré des scories de fer en association avec de la poterie, du charbon de bois et quelques esquilles d’os.

Quant à la période coloniale, c'est le site BSA 1 qui nous permet formellement permis d'attester cette phase dans la région. Selon Besa Basogo, découvreuse du site, il s'agissait d'une ancienne usine artisanale de la transformation du vin de maïs. Dans ses explications, Ntsio rejoint Besa Basogo lorsqu'elle nous déclare que, durant cette époque, la fabrication de ce vin, qui rendait la main d'œuvre villageoise ivre et invalide, était interdite par l'autorité coloniale. Il fallait donc se retirer dans la forêt, à côté d'un cours d'eau, pour en fabriquer et en consommer en cachette.

Carte récapitulative des points de concentration des vestiges lors de notre étude.

Sources ethnographiques 


Équipe de la mission 

Aboghe Bengone Jean de Capistran, doctorant à l'Université Libre de Bruxelles.
Tsinga Evérared Maël, doctorant en Archéologie à l’Université Yaoundé 1 (UY1) au Cameroun.
Mamfoumbi Drile, doctorant en Bantuphonie à l’Université Omar Bongo de (Libreville).
Milenzi Aude, étudiante en Licence Qualité Hygiène Santé Environnement à l’Institut Panafricaine des Études Appliquées (IPEA).



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